Aller et retour dans la chambre blanche

Quelle étrange traversée des chambres : d'abord la froide, qui précède le style, puis la forte, qui permet de faire le coup des épaules et de la nuque au réel ; et enfin la blanche, à l'intérieur de laquelle nous sommes souriants et amusés, conscients, dès que l'expérience aura été suffisamment répétée, que le lieu (c'est-à-dire ce que montre la photographie) est comme une contrepèterie du moment (autrement dit ce qui se passe quand on prend la photo). Entre autres.

Denis Roche - La disparition des lucioles
( réflexions sur l'acte photographique )
Seuil/fiction&Cie

║ C'est bien ça

H.1 — Qu'est-ce qui est plus fort ? Pourquoi ne veux-tu pas le dire ? Il y a donc eu quelque chose...
H.2 — Non... vraiment rien... Rien qu'on puisse dire...
H.1 — Essaie quand même...
H.2 — Oh non... je ne veux pas...
H.1 — Pourquoi ? Dis-moi pourquoi ?
H.2 — Non, ne me force pas...
H.1 — C'est donc si terrible ?
H.2 — Non, pas terrible... ce n'est pas ça...
H.1 — Mais qu'est-ce que c'est, alors ?
H.2 — C'est... c'est plutôt que ce n'est rien... ce qui s'appelle rien... ce qu'on appelle ainsi... en parler seulement, évoquer ça... ça peut vous entraîner... de quoi on aurait l'air ? Personne, du reste... personne ne l'ose... on n'en entend jamais parler...

                                                  Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non